Hamed Abdalla
1917-1985Du côté de Manial-al-Rodah, quartier populaire du Caire où il trouva ses premières inspirations, à la consécration internationale en Europe (Galerie Bernheim Jeune à Paris ou l'Egyptian Institute à Londres) dans les années 50, Hamed Abdalla a "ressuscité" l'art millénaire égyptien transmis depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours par les fils de fellahs qui ont assimilé et développé dans leur vie quotidienne les apports successifs des coptes et des musulmans. La dimension du sacré marquera sa vie, tout comme le "Folk Art", l'art figuratif naïf des gens du peuple.
Dès le début des années 40, Badr Din Abou Ghazi alors critique d'art et plus tard, Ministre des Affaires Culturelles, affirmait que " grâce à son effort personnel et à sa lutte incessante, Hamed Abdalla avait créé une nouvelle école de peinture égyptienne ayant sa personnalité propre, ses lois et sa philosophie", ce que depuis 1950, la critique d'art internationale avait confirmé. Le rôle éducatif d'Abdalla fut d'éliminer le pittoresque de la représentation de l'espace physique et de subordonner le sujet aux exigences de la construction. Ainsi, Abdalla rejeta l'art officiel pour développer son propre style au contact de la réalité physique égyptienne...
... En 1956, il quitte l'Egypte et voyage en Europe exposant de nouveau à Paris, Amsterdam, Rotterdam avant de s'intaller au Danemark. Dans ce pays, il trouve accueil, simplicité et participe à son milieu artistique. Dix ans plus tard et de nombreuses expositions en Italie, Suède, Etats Unis, Suisse, Allemagne... Il quitte le Danemark pour Paris. Son travail s'est orienté alors vers une intégration de la calligraphie arabe. Sa conception du "mot forme" se construit à partir d'un recherche sur le visage, cette partie du corps omniprésente dans l'art copte mais dont la représentation en Islam est sujet à polémique, sacrilège: Abdalla donne corps à une femme debout avec le "Alif", signe de l'unicité de Dieu. Allah Akbar évoque une femme assise, la maternité. Engagé politiquement au profit de la cause palestinienne, la mise au ban de l'Egypte par le monde arabe l'affecte. Durant cette période son oeuvre reprend le thème de la capitulation et de l'infamie. Ne s'avouant jamais vaincu, il sillonnera les capitales du monde arabe entre 1979 et 1983 avant de s'éteindre en 1985, après avoir repris pied en Egypte.
Son talent fut reconnu très rapidement comme en atteste sa présence dans des musées commes ceux d'Art Moderne du Caire, de Tunis, des Beaux Arts d'Alexandrie, Damas ou encore la New York Library...
Le Havre, exposition, 1996
Textes sur l'artiste
Leçons d'Orient, leçons d'Occident (Mogniss H. Abdalla)
La prédominance des lignes, l'harmonie des couleurs
(Aimé Azar)Dernier échange entre l'élève et le maître (Georges Bahgoury)
Limon et pulsations
(Andrée Chédid)(tirés de "Signes d'Egypte"
IM'média n°6, 1987)